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La Plate-forme multimodale, installation politique, Centre International d’Art et du Paysage de Vassivière (Limousin), juillet-septembre 2014.
[texte de présentation de la Plate-forme]
[texte de présentation de Ce qui ne se voit pas]
La Plate-forme multimodale, installation politique
2014
Florian Fouché, Adrien Malcor, Antoine Yoseph
Réalisé dans le cadre de Ce qui ne se voit pas, projet du groupe RADO, commande publique du Centre national des arts plastiques à l’initiative de Peuple et Culture Corrèze.
Collection du CNAP (Paris).
La Plate-forme multimodale, installation politique est un environnement composé d’éléments hétérogènes (objets photographiques, assemblages, projections). Ce collage dans l’espace exploite un réseau de coïncidences historiques et littéraires pour transposer un site (une place publique à Tulle) et une opération urbaine (la rénovation du quartier de la gare) en une scène de la mémoire. Elle révèle le spectre de la violence coloniale qui hante aujourd’hui encore cette ville, qui commémore pourtant chaque année la pendaison, en juin 1944 aux balcons de ce même quartier, de 99 de ses citoyens par les soldats nazis de la division Das Reich. Une table de documentation, à laquelle le visiteur est invité à s’asseoir, ainsi que la projection d’une « adresse au citoyen-regardeur », participent tout à la fois d’une dramatisation de l’attitude documentaire ainsi mise en espace, et de sa réduction au profit d’une forme de théâtre de foire.
Les reproductions qui suivent rendent compte du déploiement de La Plate-forme dans la nef du Centre international d’Art et du Paysage de Vassivière, dans le cadre de l’exposition Ce qui ne se voit pas (juillet-novembre 2014).
« Le portrait glissa vers la gauche et disparut de l’écran. Sur la surface étincelante, on lisait maintenant : "Corrèze" au milieu d’un département français dont la préfecture, large pois noir, portait un simple point d’interrogation à la place du mot "Tulle". Devant cette question soudaine, Séil-kor s’agita nerveusement comme pour chercher quelque introuvable réponse.»
Raymond Roussel, Impressions d’Afrique, 1910.
Ce qui ne se voit pas
2011-2014
Un projet du groupe RADO,commande publique du Centre national des arts plastiques à l’initiative de l’association Peuple et Culture Corrèze. Expostions à l’église Saint-Pierre (Tulle, juillet-août 2014) et au Centre international d’art et du paysage (Vassivière, Juillet-novembre 2014).
« En 2011, par la voix de Manée Teyssandier, l’association Peuple et Culture Corrèze nous invitait à nous intéresser “au présent et au futur” du pays de Tulle, en privilégiant les occasions de travailler avec les habitants. Si nous avons accepté cette invitation avec enthousiasme, c’est parce qu’elle émanait d’une situation d’exception : celle produite par l’action longue d’une association d’éducation populaire qui s’est tournée vers l’art pour continuer à chercher ce qui d’un territoire ’avait pas été vu. Nous avons choisi d’aborder le territoire par ses réseaux techniques, par sa vie organique en somme, qui est de plus en plus objet de luttes et de débats. En abordant le territoire par ses réseaux techniques, nous associons la question démocratique que pose l’écologie à un enjeu documentaire : comment avec de la vidéo, du dessin, des photographies, des sculptures, révéler des réalités cachées, ou mal regardées, tout en indiquant des réserves d’invisible ? De ces questions et des enquêtes que nous avons conduites se sont dégagées plusieurs situations. Chacune engage une modalité du collectif, entre artistes du groupe, avec des travailleurs, des écoliers ou des militants du territoire ; chacune porte aussi une réserve d’invisible. Car tout ce qui ne se voit pas n’est pas invisible de la même façon. »
RADO réunit neuf artistes (Fanny Béguery, Madeleine Bernardin Sabri, Florian Fouché, Adrien Malcor, Anaïs Masson, Marie Preston, Maxence Rifflet, Claire Tenu et Antoine Yoseph) aux pratiques diverses, de la photographie à la sculpture, en passant par la vidéo et le dessin. Tous partagent un intérêt pour les formes et les conditions d’une pratique collective de l’art, parallèlement à l’activité qui structure leurs recherches personnelles.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Tulloscopie. (+)
Texte du cartel : « Nous superposons deux télévisions : un extrait de la leçon de géographie des Impressions d’Afrique dans l’adaptation télévisuelle de Jean-Christophe Averty (1977) et un enregistrement vidéo de l’inspection des canalisations du quartier de la gare de Tulle (2012). »
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Tulloscopie. (+)
Texte du cartel : « Nous superposons deux télévisions : un extrait de la leçon de géographie des Impressions d’Afrique dans l’adaptation télévisuelle de Jean-Christophe Averty (1977) et un enregistrement vidéo de l’inspection des canalisations du quartier de la gare de Tulle (2012). »
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Assieds-toi, citoyen-regardeur, table de documentation. (+)
Y sont présentés : un ensemble de documents relatifs aux situations évoquées dans l’Adresse au citoyen-regardeur : vues de Tulle (cartes postales, photographies de repérage), reproductions du texte de Roussel, plan dessiné, documents d’archive, mais aussi Socle-Dé (photo-relief d’Antoine Yoseph) et une boîte contenant divers ouvrages:
_ Enzo Traverso, La Violence nazie
_ Ahlam Shibli, Trauma
_ Boubacar Boris Diop et Aminata Traoré, La Gloire des imposteurs
_ Peuple Et Culture Corrèze, Tulle, 9 juin 1944
_ Raymond Roussel, Comment j’ai écrit certains de mes livres.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Adresse au citoyen-regardeur, vidéo-projection.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Adresse au citoyen-regardeur, vidéo-projection.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Adresse au citoyen-regardeur, vidéo-projection.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Lumières pendues (Florian Fouché), diaporama vidéo-projeté, 99 vues, muet, boucle, 7’20 min. (+)
Texte du cartel : « En cherchant à imaginer l’événement du 9 juin 1944 à Tulle, j’ai photographié systématiquement les lampadaires et les balcons du quartier des martyrs où tant d’hommes ont été pendus. Je tentais de me figurer la topographie de l’événement et les évolutions de la ville depuis 1944 ; je m’interrogeais : où s’arrête le quartier des martyrs ? Ces photographies, je les ai re-découpées et re-photographiées sur le seuil éclairé d’une porte, un jour de grand soleil, laissant apparaître et coexister trous, lumières, ombres, taches et paysages urbains.
Mes parcours sur les lieux puis plus tard ces gestes, loin de Tulle, forment un exercice de mémoire sans commémoration, d’abord pour moi-même puis pour les autres dans le temps de l’exposition. Il est une tentative d’inscrire l’invisible et la coexistence d’expériences a priori contradictoires au coeur d’un monument alternatif. »
Florian Fouché
Voir [Lumières pendues]
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Lumières pendues (Florian Fouché), diaporama vidéo-projeté, 99 vues, muet, boucle, 7’20 min. (+)
Texte du cartel : « En cherchant à imaginer l’événement du 9 juin 1944 à Tulle, j’ai photographié systématiquement les lampadaires et les balcons du quartier des martyrs où tant d’hommes ont été pendus. Je tentais de me figurer la topographie de l’événement et les évolutions de la ville depuis 1944 ; je m’interrogeais : où s’arrête le quartier des martyrs ? Ces photographies, je les ai re-découpées et re-photographiées sur le seuil éclairé d’une porte, un jour de grand soleil, laissant apparaître et coexister trous, lumières, ombres, taches et paysages urbains.
Mes parcours sur les lieux puis plus tard ces gestes, loin de Tulle, forment un exercice de mémoire sans commémoration, d’abord pour moi-même puis pour les autres dans le temps de l’exposition. Il est une tentative d’inscrire l’invisible et la coexistence d’expériences a priori contradictoires au coeur d’un monument alternatif. »
Florian Fouché
Voir [Lumières pendues]
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détails, de gauche à droite : Lumières pendues et Les trois morts du sergent Charles Lovy (« Lovy n°2 » et « Lovy n°1 »).
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : assemblages. (+)
Sérigraphies sur bois peint, Plexiglas, parasols, dalles de bois exotique, piquets de tente, tulle blanc et vert, tuyaux de PVC, tréteaux, roulettes, dalle isolante, jardinière, projecteurs...
Texte du cartel : « Figure-toi, citoyen-regardeur, que les documents d’époque ne donnent pas moins de trois récits, contradictoires, de la mort du sergent Charles Lovy, trois “modes opératoires” comme dirait la police. Tu nous diras que c’est anecdotique, et ça l’est sans doute. Mais cet anecdotique-là nous rapproche un peu de la réalité, quand la légende du héros Lovy, et la mort allégoriquement transfigurée de sa statue, nous en éloigne. La réalité, citoyen regardeur, c’est la mort d’un homme loin de chez lui, qui avant d’être tué tua d’autres hommes qui étaient chez eux, eux.
Nous avons essayé de rappeler ce fait brut, et de le faire brutalement.
Comme les Impressions d’Afrique et la “marquise à illusions”, cette triple mort fut surtout un prétexte : prétexte à interpréter la forme d’un monument et les décisions urbanistiques dont il a fait l’objet ; prétexte à un jeu collectif d’assemblage et de transformation, sous contrainte d’un réseau de coïncidences et sous contrôle des objets (cf. Horia Bernea), jeu qu’à ton tour, citoyen regardeur, tu peux interpréter. Voici, mesdames et messieurs, la véritable histoire des trois morts de Charles Lovy ! »
Florian Fouché, Adrien Malcor, Antoine Yoseph
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, « Lovy n°2 » et « Lovy n°1 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, détail du « Lovy n°1 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, détail du « Lovy n°1 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, « Lovy n°2 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, détail du « Lovy n°2 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, « Lovy n°3 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, « Lovy n°3 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Les trois morts du sergent Charles Lovy : ici, détail du « Lovy n°3 ».
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014.
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail, au premier plan : Le Franc-tireur 1870-1944 (d’après Antoine Paucard), (Florian Fouché), assemblage et photographies. (+)
Texte du cartel : « Le monument d’Antoine Paucard Le Franc-tireur 1870-1944 est peut-être une sculpture parfaite : l’intrication avec le site, la masse de ce bloc de pierre sur lequel on saisit des incisions figuratives difficiles à détacher d’une signature géologique ; l’amorce de récit qui vaut pour toutes les guerres : un soldat guette, dort, meurt. Gisant à l’envers pour l’histoire tragique du maquis de la Servantie, c’est un monument pour toutes les morts, toutes les solitudes aussi ; et un objet caché d’une histoire de l’art toujours à reconstituer : on pense tout en les écartant à Michel-Ange, à Medardo Rosso, à la sculpture monumentale soviétique, à Henri Gaudier-Brezska, Joseph Beuys… » (Florian Fouché)
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Le Franc-tireur 1870-1944 (d’après Antoine Paucard), (Florian Fouché), assemblage et photographies. (+)
Texte du cartel : « Le monument d’Antoine Paucard Le Franc-tireur 1870-1944 est peut-être une sculpture parfaite : l’intrication avec le site, la masse de ce bloc de pierre sur lequel on saisit des incisions figuratives difficiles à détacher d’une signature géologique ; l’amorce de récit qui vaut pour toutes les guerres : un soldat guette, dort, meurt. Gisant à l’envers pour l’histoire tragique du maquis de la Servantie, c’est un monument pour toutes les morts, toutes les solitudes aussi ; et un objet caché d’une histoire de l’art toujours à reconstituer : on pense tout en les écartant à Michel-Ange, à Medardo Rosso, à la sculpture monumentale soviétique, à Henri Gaudier-Brezska, Joseph Beuys… » (Florian Fouché)
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Le Franc-tireur 1870-1944 (d’après Antoine Paucard), (Florian Fouché), assemblage et photographies. (+)
Texte du cartel : « Le monument d’Antoine Paucard Le Franc-tireur 1870-1944 est peut-être une sculpture parfaite : l’intrication avec le site, la masse de ce bloc de pierre sur lequel on saisit des incisions figuratives difficiles à détacher d’une signature géologique ; l’amorce de récit qui vaut pour toutes les guerres : un soldat guette, dort, meurt. Gisant à l’envers pour l’histoire tragique du maquis de la Servantie, c’est un monument pour toutes les morts, toutes les solitudes aussi ; et un objet caché d’une histoire de l’art toujours à reconstituer : on pense tout en les écartant à Michel-Ange, à Medardo Rosso, à la sculpture monumentale soviétique, à Henri Gaudier-Brezska, Joseph Beuys… » (Florian Fouché)
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détail : Le Franc-tireur 1870-1944 (d’après Antoine Paucard), (Florian Fouché), assemblage et photographies. (+)
Texte du cartel : « Le monument d’Antoine Paucard Le Franc-tireur 1870-1944 est peut-être une sculpture parfaite : l’intrication avec le site, la masse de ce bloc de pierre sur lequel on saisit des incisions figuratives difficiles à détacher d’une signature géologique ; l’amorce de récit qui vaut pour toutes les guerres : un soldat guette, dort, meurt. Gisant à l’envers pour l’histoire tragique du maquis de la Servantie, c’est un monument pour toutes les morts, toutes les solitudes aussi ; et un objet caché d’une histoire de l’art toujours à reconstituer : on pense tout en les écartant à Michel-Ange, à Medardo Rosso, à la sculpture monumentale soviétique, à Henri Gaudier-Brezska, Joseph Beuys… » (Florian Fouché)
La Plate-forme multimodale, installation politique, 2014. Détails. Au premier plan: Assieds-toi, citoyen regardeur, table de documentation. Au fond, Batik Op’, impression sur tissu.