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« Le petit théâtre sur roulettes de Florian Fouché, [Dans le train Lyon-Bucarest] (2013), installé sur le palier supérieur d’un autre escalier monumental, au Carré d’art de Nîmes, intègre et interprète l’idée de passage. Il produit un autre «suspens» que celui des six cubes1, narratif, et un jeu de figures qui s’apparente plutôt au film. Le montage filmique est ici transposé dans le rapport de simultanéité des éléments plastiques. Depuis plusieurs années, Florian Fouché travaille sur le musée du Paysan roumain de Bucarest. Le train censé relier la capitale roumaine à Lyon est une fiction biographique. Le compartiment est devenu une topographie du corps proche, avec un effet d’humour sentimental et discordant. Le personnage familier, littéralement « proche », définit le lieu fictif désigné dans le titre. Le petit théâtre sur roulettes est la métaphore du lieu filmique. Au Carré d’art de Nîmes, Dans le train Lyon-Bucarest est le pendant de Padre et figlio, l’oeuvre que Michelangelo Pistoletto avait conçue en 1971 comme une collaboration avec son père, et qui était évoquée dans la première salle de l’exposition au Reina Sofía. »

 

Jean-François Chevrier, Formes biographiques, partie III, chap. 3 : « L’innocence seconde (passages et lieux de l’image)», Paris, Hazan, 2015, p. 278 ; catalogue des deux expositions ayant eu lieu dans les musées Reina Sofia (Madrid) et Carré d’art (Nîmes) en 2013 et 2015; Commissariat : Jean-François Chevrier en collaboration avec Élia Pijollet.

 

1 L’auteur fait référence à La Ruse de l’innocence (1997) où Rémy Zaugg analyse les conditions de perception d’un alignement de six cubes de Donald Judd exposé au Kunstmuseum de Bâle, sur le palier de l’escalier monumental, au dernier étage du musée.